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    Il y a quelques jours, à la question « Quelle personnalité musicale a le plus marqué cette année ? », mon neveu de 16 ans a répondu : Stromae. Son plaidoyer a été très clair et peu contestable.

    C'est à partir de cette révélation que nous avons refait le monde avec une envie et une détermination inattendues. Je me suis alors prêtée au jeu de « l'écoute active » de l'album de Stromae à ses cotés.

    Le premier titre fut Batard

     

     

    Tout en l'écoutant, Thomas m'expliquait son interprétation des paroles : « Dans ce titre il parle de l'obligation de nous mettre toujours dans une case. Il explique que l'on doit toujours choisir une position, choisir entre bobo et beauf, par exemple ! Si on ne veut pas avoir une étiquette collée. En fait on nous demande toujours de choisir un « camp » ».

    Lilie : Mais c'est intéressant ce que tu dis justement. Notre société est basée sur le politiquement correct. On nous fait bien comprendre que ça ne sert à rien de faire part de notre désaccord parce que rien n'y changera. D'ailleurs, tu trouves qu'on vous parle à vous, les jeunes, en général ? Est-ce que vous vous reconnaissez dans certains discours, est-ce que vous vous sentez concernés par ce que disent les politiques par exemple ?

    Thomas : Oui on se sent concernés mais …c'est vrai ce que tu dis... En fait c'est ça le problème, on nous parle pas à nous, on ne prend pas en compte nos inquiétudes, nos envies, nos doutes...

    L : Aujourd'hui, les politiques ne parlent déjà pas beaucoup aux « Adultes » alors aux jeunes n'en parlons pas ! Ils courent tous après le fric, le pouvoir, leurs étiquettes ! Ils ne parlent que chiffres, économie et se font la guerre entre eux.

    T : C'est ça ! Mais ils réalisent que du coup on ne peut pas croire en eux  ? Ils réalisent le danger qu'il y a ?

    L : De quel danger tu parles précisément ?

    T : Mais du FN ! Tu réalises que ce sont les seules à s'adresser aux jeunes ? C'est grave ! Parce que certains ne vont pas aller chercher plus loin ! Ils vont foncer droit dedans et les autres s'en mordront les doigts ! On votera tous nous aux prochaines élections !

    L : Oui enfin là c'est sans doute un peu exagéré, il n'y aura pas des milliers de jeunes à voter FN quand même !

    T : Oui peut être, enfin j'espère ! Mais on peut croire en qui nous aujourd'hui ?

    L : C'est vrai, nous, des personnes subversives comme Coluche ou Desproges, par exemple, nous alertaient sur les essentiels et les absurdités du pouvoir. Aujourd'hui vous n'avez pas vraiment de personne pour vous alerter, vous ouvrir les yeux sur certaines réalités. A part vous parler de fric, de consommation, de réseaux... j'ai le sentiment qu'on ne vous considère pas vraiment. Du coup le raccourci est vite fait pour vous traiter de génération du fric, génération qui ne sait ni parler ni écrire.

    T : Mais oui, est-ce qu'on nous implique dans la société ? Non ! Alors oui, des codes, des signes de communications nous en avons mais il y en a toujours eu en fonction des générations non ? Ils n'étaient pas pris pour des débiles pour autant !

    L : Oui, combien de fois j'ai entendu : « les jeunes aujourd'hui ne savent plus écrire, et puis rien ne les intéresse ».

    T : Voilà ! On nous prend pour ce qu'on n'est pas ! Tu sais on a des conversations sérieuses entre nous, on parle de politique, on parle de ce qu'il se passe etc...

    L : Ah oui vous parlez souvent de politique entre vous ?

    T : Evidemment ! Et avec des textes comme ceux de Stromae ça ouvre justement le débat ! Par exemple il parle des problèmes qu'il y a parfois avec les réseaux sociaux dans sa chanson Carmen. Et c'est vrai ce qu'il dit, on est tellement dans la surconsommation que même sur facebook au début quand je me suis inscrit c'était la course pour avoir plus « d'amis » que les autres. J'ai connu des trucs pas cool qui se sont passés envers certaines personnes. Comme des groupes créés pour s'en prendre à une personne en particulier. C'était carrément odieux ! Avec le temps on prend du recul mais c'est le piège de facebook quand tu t'y inscris. C'est traître.

     

     

    L : Il a trouvé un moyen de faire passer des messages sur des rythmes festifs comme dans Formidable. Son chant résonne comme une plainte et ses sanglots à la fin, c'est lourd de sens de laisser les sanglots à la fin d'un morceau. Même si on peut l'accuser de « surjeu » je trouve ça intéressant. C'est son choix de se mettre en scène dans ses chansons et ça a du sens. 

    T : Oui ! La chanson où il le fait vraiment c'est Tous les mêmes. D'ailleurs il a fait une performance sur Canal ça a fait un vrai buzz tu as vu ? visible ici

    L : Oui difficile de passer à côté ! C'était bluffant ! Surtout que dans ce titre il se met à la place de la femme (dans tous les sens du terme). C'est intéressant comme point de vue. Et sinon, il y a un titre que tu préfères dans l'album ?

    T : En fait, c'est bizarre mais c'est le morceau musical qu'il a appelé Merci et qui est l'avant-dernier titre de l'album.

     

     

    T : Tu vois, quand j'écoute ce morceau j'ai envie d'être seul, de m'enfermer dans une bulle, de penser, de tourner, de marcher, de m'isoler. Et quand les choeurs apparaissent, ils me font peur et en même temps ils me poussent, m'encouragent … Comme pour m'aider à passer un cap, un passage vers un ailleurs. J'ai l'impression qu'ils me chuchotent quelque chose et me disent « C'est à toi d'agir, vas-y, lance toi » Et puis, ils disparaissent, s'effacent et te libèrent en quelque sorte.

    L : C'est vrai que moi aussi ça me donne l'envie d'être seule. Tu vois je la remets, je ferme les yeux .. ma tête commence à basculer de gauche à droite. Je me sens portée vers une danse solitaire, introspective. Mais moi l'arrivée des choeurs me font sourire, tu vois ? Je souris. C'est comme une libération. Ils me soutiennent.

    T : Oui, comme un besoin de s'isoler pour mieux se libérer.

    L : C'est ça, pour mieux se libérer...

     

     

     

     

     

     


  • Désolation et révélation d'un soir

    Ce soir, je me suis préparée avec envie et impatience pour me rendre au concert de Daughter. J'attendais ce moment avec délectation depuis le début de l'année. Cet album fut un véritable coup de cœur et une révélation musicale de l'année à mon goût.

    Malheureusement, j'ai eu la déception de découvrir de jeunes anglais sur-équipés, faisant une démonstration de leurs nouveaux joujous musicaux (réverb' à foisons et « effets » électro dénués d'intérêt) mais sans aucune attention pour leur public mais aussi et surtout sans aucune ressemblance avec la musique dévoilée sur leurs EP ou album. Quel dommage ! Je n'ai jamais écrit une seule ligne négative sur un artiste ou un groupe à ce jour mais la déception est aussi grande que l'approximation et le canular qu'a été leur prestation.

    Je ne m'étalerai donc pas plus longtemps sur cette déception car j'ai pu, à l'inverse, découvrir le talent, la précision musicale et l'authenticité d'un groupe en première partie : The Wave Pictures !

     

    Aux premières notes, la batterie a attiré mon regard par sa dextérité et son ingéniosité ! Mais c'était sans compter sur le talent du guitariste et du bassiste qui l'entouraient !

    Je découvre ce groupe que vous connaissez peut être car ils ont déjà 8 albums à leur actif et ont pu collaborer avec les grands Daniel Johnston ou Herman Dune pour ne citer qu'eux.

    Un album véritablement pop-rock aux sonorités dansantes, et surtout un talent musical et scénique épatant ! Du son authentique, sans fioritures dont les accords ensoleillés magnifient un quotidien parfois banal où il est question d'amour, d'Elvis et Johnny Cash par exemple.

    Si, comme moi, vous étiez passés à côté du talent de ce groupe, écoutez et rattrapez-vous vite !

     


  •  Liesa Van Der Aa si troublante

    Liesa Van Der Aa, sort un nouvel EP, Where What's Happening, aujourd'hui. Un EP composé de 4 Cover bluffantes de Iggy Pop et son Nightclubbing, Lou Reed et son fameux Vanishing act, PJ Harvey et son inoubliable Rid on Me mais aussi une reprise des plus étonnantes de Dalida et le légendaire Paroles Paroles

     Liesa Van Der Aa nous surprend encore par son magnétisme et sa créativité sans failles. 

    Son premier album, Troops, avait déjà été la révélation d'une artiste dotée d'une personnalité forte et singulière. Elle rappelle peut être un peu l'expérimental barré de Björk des belles années, Liesa Van Der Aa exhibe une pop fêlée, inventive, innovante et ensorcelante aux émotions multisensorielles garanties.

    De formation classique avec le violon, Liesa s'est ensuite tournée vers d'autres influences musicales rock, pop ou jazz à travers le Velvet, Prince ou Chet Baker

    Pour son premier album elle avait conjugué tous ses talents et influences multiples pour créer une oeuvre hybride et instinctive nous embarquant vers le brut et l'expérimental.

    Aujourd'hui, avec ce nouvel EP, Liesa va encore plus loin, elle transgresse tous les codes musicaux établis. Elle maltraite, triture, distord pour mieux nous envoûter et nous happer vers un ailleurs dont on ne connaît pas les codes ni la couleur. Cet ailleurs ressemblant à un chaos harmonieux, entre une surpenante Laurie Anderson mais aussi un un univers Lynchien inquiétant, où l'amour pur côtoie le mal absolu, où les choses sont rarement ce qu'elles semblent être. Chaque morceau laisse en permanence dans l'attente des sensations procurées par les notes tant l'inattendu et l'inhabituel peuvent surgir à chaque minute. 

    Cet EP renouvelle l'exploit de Troops : Inventif, différent, pluridimensionnel et insolite. Une grande artiste qui n'était "qu'une" révélation s'ancre dans le sol des créatrices et des incontournables et c'est bon !






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